"Théorie du genre", homophobie, islamophobie... Lettre à Nabil Ennasri.

Publié le 12 février 2014.

Nabil,

Je viens de visionner ta vidéo consacrée à la « théorie du genre » (reproduite en fin d'article), dans laquelle tu défends la thèse suivante : le gouvernement actuel est en train, par divers mécanismes, d'introduire à l'école une « idéologie », dissimulée derrière la « théorie du genre » et, par un « prosélytisme dangereux », de « déconstruire l'éducation des enfants » et de « valoriser les pratiques LGBT ».

De là découle ton soutien aux « Journées de retrait de l'école ».

Nous avons eu l'occasion, toi et moi, de mener ensemble, par le passé, bien des combats : contre le racisme, contre l'islamophobie, en solidarité avec les Palestiniens...

C'est en raison de ce passé militant commun que j'ai décidé de t'adresser cette lettre ouverte, car je dois t'avouer que la vidéo que je viens de visionner m'interpelle et, à bien des égards, m'inquiète.

Une « définition » fort orientée de la « théorie du genre »

Pour ne pas écrire une lettre-fleuve, je ne vais pas reprendre ici point par point ton propos, mais seulement m'arrêter sur quelques-uns de tes arguments1.

A commencer par le premier d'entre eux.

Pour « délier le vrai du faux », tu poses dès le début la question suivante : « Qu'est-ce que la théorie du genre ? ». Pour y répondre, tu fais appel à « une professeure de SVT », extrait vidéo d'une de ses conférences à l'appui. Et la « professeure de SVT » d'expliquer ce qu'est « le gender ». La « définition » qu'elle propose semble se suffire à elle-même, puisque tu ne la commentes pas, ni ne la complètes. Tu te contentes de dire, après l'extrait vidéo : « donc vous avez compris ce que c'est la théorie du genre ».

Pour quelqu'un qui accuse ses opposants de « manipulation », tes procédés sont un peu cavaliers. La « définition » que tu relaies est en effet un point de vue réducteur (et mensonger) sur le concept de genre. La « professeure de SVT » affirme ainsi que « le gender (...) ne tient pas compte du sexe biologique », ce qui est totalement faux puisque c'est, en un sens, son point de départ, et elle limite le concept de genre à l'autodéfinition d'une identité et d'une orientation sexuelles, alors que le champ des études de genre est beaucoup plus large, posant la question des constructions sociales, des mécanismes de domination, des évolutions des rapports de force sociaux, etc.

Mais surtout... « Une professeure de SVT ». Mais de qui te moques-tu ? Pourquoi oublies-tu de préciser que l'extrait vidéo d'Isabelle Ami, puisque c'est son nom, est tiré d'une intervention qu'elle a faite le 30 mai 2013 lors d'une « conférence-débat sur l'idéologie du genre », sobrement sous-titrée « ils veulent arracher les enfants à l'influence de leurs parents » ? Voilà qui aurait permis de mieux comprendre son point de vue, qui n'est pas celui d'une spécialiste mais d'une opposante aux études de genre, qu'elle connaît en outre très mal comme le montre le reste de son intervention.

Peut-être aurais-tu pu préciser, afin que chacun puisse se faire une opinion, comme tu aimes à le rappeler, « objective », qu'intervenaient à ses côtés lors de cette conférence Mélina Douchy-Oudot, membre revendiquée de la très sympathique Opus Dei, Pierre-Olivier Arduin, un proche de Christine Boutin qui fut, en 2004, candidat de l'Alliance Royaliste, et qui aime apporter ses lumières à l'ignoble Valeurs actuelles, ou encore Falk Van Gaver, un personnage qui se présente comme « journaliste » et qui écrit, par exemple, sur l'immonde site d'extrême-droite Nouvelles de Francece qui suit : « L’homosexualité est un désordre : un désordre mental, comportemental, moral, social, un désordre sentimental, un désordre amoureux. L’homosexualité est un mal, un mal social, un mal spirituel, un mal existentiel, et rien ne nous empêchera de le penser et de le dire ».

Une belle brochette. Et tu parles d'« objectivité » ?

Ce que tu appelles toi-même une « entrée en matière » par une « définition de la théorie du genre » ne brille donc pas par sa rigueur et son honnêteté intellectuelles. Et malheureusement les choses ne s'arrêtent pas là.

Invisibiliser les minoritaires ?

Pour démontrer les intentions du gouvernement, tu cites ensuite un rapport remis au ministre Peillon en juin 2013 par Michel Teychenné qui, si l'on s'en réfère à la citation que tu isoles, préconise de « valoriser des représentations positives des LGBT en assurant une meilleure visibilité de l'homosexualité et de la transsexualité à l'Ecole, comme c'est aujourd'hui le cas dans la société française, dans les médias et sur les réseaux sociaux ».

Passons sur le fait que tu résumes un rapport de 82 pages à une citation de 3 lignes, citation que tu oublies soigneusement de contextualiser (juste à côté on apprend en effet qu'il s'agit là d'une « éducation sur les stéréotypes, les rôles ou les identités [qui] peut être mise en place de façon progressive et adaptée à l'âge des élèves afin de conduire à l'acceptation de la diversité humaine »).

Mais retenons ceci : le rapport Teychenné parle donc de « valoriser des représentations positives des LGBT ». De quoi s'agit-il ? Avant tout, comme cela est indiqué dans la phrase que tu cites, de mettre en conformité l'école avec le reste de la société : il existe des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transsexuelles, on en croise chaque jour dans les rues, désormais les homosexuel-les peuvent se marier, etc... La société change et, malgré des résistances, l'hétérosexualité n'est plus considérée comme le seul comportement socialement acceptable.

Mais l'homophobie existe, et il est indispensable de la combattre, car l'homophobie détruit des vies, quand elle ne les prend pas. Es-tu au courant qu'il y environ 12 fois plus de tentatives de suicide chez les adolescents homosexuels que chez les hétérosexuels du même âge ?

Pour toi l'école n'a pas à s'adapter à ces changements et n'a pas de rôle particulier à jouer car sa fonction est d'apprendre « à lire, à écrire, à compter ».

Mais comment apprend-on à lire ? Comment apprend-on à écrire ? Avec des livres, des textes, des histoires... qui parlent de la vie de tous les jours, entre autres de la vie de famille, de la vie amoureuse, etc. Te paraît-il normal que les livres, les textes, les histoires en question n'évoquent que des familles hétérosexuelles, des amours hétérosexuelles, et que tous les personnages que « rencontrent » les élèves dans les textes soient des hétérosexuels ?

Si c'est le cas, tu serais donc de ceux qui pensent que les majoritaires doivent invisibiliser les minoritaires, que ces derniers n'ont pas voix au chapitre et que, finalement, ce qui est majoritaire équivaut à ce qui est universel...

Homophobie-Islamophobie : deux poids, deux mesures ?

Cela me surprendrait de ta part, toi qui sais que « l'universalisme à la française » et l'invisibilisation des minorités qui l'accompagne ont généré, et génèrent encore, incompréhensions, haines et discriminations.

Tu as d'ailleurs conscience de ce dernier phénomène puisque, dans une interview publiée il y a quelques mois au cours de laquelle tu évoques un autre combat qui te tient à cœur, la lutte contre l'islamophobie, tu considères cette fois-ci que l'école a un rôle essentiel à jouer :

« Pour endiguer [l'islamophobie] (…) il faudrait réaliser un véritable travail d'éducation, notamment auprès des plus jeunes. Leur enseigner par exemple que si l'Europe s'est libérée du fascisme nazi, ce n'est pas uniquement grâce aux Américains. Rappeler et valoriser le rôle des armées d'Afrique qui ont libéré le sud de la France serait une étape parmi tant d'autres qui illustreront le fait que la France s'est libérée et construite grâce à ces populations dont une bonne partie des enfants et des petits-enfants sont aujourd'hui discriminés ».

« Valoriser le rôle des armées d'Afrique ». Ce sont tes propres mots, et ils datent de septembre dernier. « Valoriser ». Les mêmes que ceux qui sont dans le rapport que tu dénonces, au motif que ce ne serait pas du ressort de l'institution scolaire qui doit se contenter d'apprendre à « lire, écrire et compter ».

Alors : Homophobie-Islamophobie, deux poids deux mesures ?


Car tu es aussi celui qui as écrit ces lignes : « L’islamophobie dans les têtes commence donc dès les bancs de l’école. Ici, nulle mention de l’apport spirituel et civilisationnel du prophète de l’islam. On préfère ériger des barrières psychologiques qui justifieront, à terme, le rejet et la confrontation ».

Toi qui es favorable à ce que l'on véhicule une image positive de l'Islam et des musulmans dans les programmes scolaires, tu serais opposé à ce que l'on fasse de même avec des groupes sociaux qui subissent des discriminations sur la base de leur seule orientation sexuelle ?

Pour éviter de te confronter à ces questions, tu opères alors un glissement sémantique qui me rappelle malheureusement ceux d'adversaires que nous avons combattus côte-à-côte. Alors que le rapport parle de valoriser « les LGBT » (donc les personnes), tu affirmes qu'il s'agirait de valoriser « les pratiques LGBT ».

Et tu parles donc de « prosélytisme », sous-entendant, en employant ce terme, que l'on va encourager les enfants et les adolescents à devenir LGBT, alors qu'il ne s'agit « que » de leur offrir une image positive des personnes LGBT, et donc de déconstruire des représentations trop souvent négatives.

Je suis navré de constater que tu emploies les mêmes procédés que ceux qui amalgament « valorisation de l'Islam et des musulmans » (pour lutter contre la dévalorisation permanente) et « prosélytisme religieux ». En effet, comme ceux qui, avec une malhonnêteté crasse, affirment que la lutte contre l'islamophobie dissimule une entreprise de conversion des non-musulmans à l'Islam, tu oses sous-entendre que la lutte contre l'homophobie serait une entreprise de conversion à l'homosexualité2.

Le genre, un outil ou une théorie formalisée ?

Ce glissement sémantique, que d'aucuns qualifieraient de manipulation, n'est pas le seul. Tu entreprends ainsi de démontrer que la démonstration de l'existence de la « théorie du genre » (à défaut d'avoir expliqué ce qu'elle était), c'est que certains, à gauche, en parlent. Vidéos à l'appui, tu entends le « prouver ».

Tu nous montres ainsi successivement une intervention de Laura Slimani, du Mouvement des Jeunes Socialistes, et une intervention de Julie Sommaruga, députée PS, en prétendant que toutes deux mentionnent « explicitement » la « théorie du genre ».

Le problème, c'est... qu'aucune des deux ne parle de « théorie du genre ».

Elles évoquent « le genre », et non une « théorie » qui prétendrait expliquer le monde et formater les esprits. Et la nuance est de taille ! Le genre est un concept élaboré par les sciences sociales, dont l'objectif est de questionner les rôles sociaux attribués aux hommes et aux femmes et de mettre en lumière le fait qu'au nom de différences biologiques (réelles ou supposées), on assigne chacun-e à des comportements, à des fonctions et à des tâches différentes, au sein d'un système fondamentalement inégalitaire.

Il ne s'agit ni de nier les différences biologiques, ni d'élaborer une « théorie » unifiée que l'on enseignerait comme une vérité scientifique... Il s'agit d'interroger des mécanismes et des processus sociaux, de comprendre comment des systèmes hiérarchiques et inégalitaires s'organisent et se maintiennent.

Mais tu n'en démords pas et tu prétends, avec d'autres, qu'il existe une « théorie du genre ». Alors peux-tu, à l'instar de ce que tu pourrais faire avec la « théorie de la relativité générale », la « théorie de l'évolution » ou la « théorie du chaos », expliciter par quel-le-s auteur-e-s et dans quel-s ouvrage-s elle a été formulée ? Ce serait bienvenu et plus convaincant qu'une capture d'écran d'un tchat de Najat Vallaud-Belkacem, vieux de 3 ans, sur le site de 20 minutes...

Il est en effet paradoxal de constater que la quasi-totalité de ceux qui parlent de « théorie du genre » sont ceux qui s'y opposent et/ou ceux qui ne connaissent rien aux études de genre, et à aucun moment les scientifiques qui auraient formulé cette « théorie »...

Concrètement, parler du genre à l'école, cela signifie éveiller et stimuler l'esprit critique (c'est un peu le rôle de l'école, non ?) et offrir des outils de compréhension du monde. Ainsi, par exemple, évoquer au Collège le fait que, quand bien même il existe des différences biologiques entre garçons et filles, entre hommes et femmes, les inégalités sociales, professionnelles, salariales... entre hommes et femmes, n'ont rien de « naturel », ou que la sous-représentation des femmes dans les sphères de pouvoir (politique, économique, intellectuel, etc.) n'a rien de « naturel ».

Qui cela peut-il inquiéter, sinon ceux qui aiment les discriminations ?

Pour finir

Bref. Cette lettre ouverte est déjà longue, et je n'aime pas monologuer. Il y aurait pourtant bien d'autres choses à ajouter au sujet de ta vidéo, sur le fond comme sur la forme. Ce que je ne manquerai pas de faire si tu prends le temps de considérer mes remarques et d'y répondre.

Mon objectif n'est pas, tu l'auras compris, de te demander de rejoindre mon point de vue. Ni de défendre un gouvernement et/ou un parti dont tu sais parfaitement que je ne les porte guère dans mon cœur.

Il s'agit bien, comme je l'ai indiqué dans les pages qui précèdent, de te questionner sur certains points précis et de faire remarquer à celles et ceux qui ont vu, ou verront ta vidéo, que tu es loin d'incarner l'objectivité dont tu te pares. Ta position est idéologique (ce que tu prétends reprocher à tes adversaires), tu te reposes sur des « analyses » que tu présentes comme neutres alors qu'elles ne le sont pas, tu reprends à ton compte des rumeurs véhiculées par l'extrême-droite, tu as recours à des procédés (amalgames et raccourcis notamment) pour le moins douteux...

Comme je l'ai écrit plus haut, nous avons toi et moi mené, par le passé, divers combats communs. Cela ne signifiait pas faire semblant d'être d'accord sur tout, mais nous partagions un certain nombre de principes, à savoir le refus des discriminations, la volonté d'en finir avec les inégalités et les injustices, la dénonciation de toute forme d'intolérance, etc.

Cela me désole de l'écrire mais, en visionnant ta vidéo, j'ai le sentiment que nous ne les partageons plus.




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1 Bien évidemment, si tu décides de me répondre, je compte sur toi pour me parler de ce dont je parle, et pas uniquement de ce dont je ne parle pas...
2 Comme si, en outre, on pouvait convertir qui que ce soit à l'homosexualité...

10 commentaires:

  1. Cher Julien,

    A vrai dire je ne comprends pas trop votre surprise sachant que N.E. signait en janvier 2013 une tribune contre le mariage pour tous qui disait notamment ceci:

    "Cette loi, si elle est votée, va entraîner des bouleversements anthropologiques majeurs ainsi qu'une surenchère revendicative. Si au nom du seul principe d'aimer, il devient légitime de s'arroger de nouveaux « droits », qu'aurons-nous à répondre envers ceux qui souhaiteront la reconnaissance de l'inceste ou de la pédophilie ?"

    http://oumma.com/15340/un-debat

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  2. M. Salingue,

    Laura Slimani est pourtant claire quand elle parle de genre: "les différences entre les hommes et les femmes elles ne sont pas seulement innées, elles sont construites", si ça ce n'est pas nier les différences biologiques entre les 2 sexes alors qu'est ce que c'est? Surtout que son intervention date du 1er février dernier, en pleine polémique sur cette fameuse théorie du genre, et des JRE, et que l'on sent chez elle une volonté d'affirmer, de confirmer, et d'assumer celle-ci, c'est SA réponse aux parents, et aux détracteurs du gender.

    Ensuite, pourquoi vouloir faire une distinction entre théorie du genre et concept de genre, quand les spécialistes pro-gender eux-mêmes assument totalement et avec fierté le terme "théorie" que vous semblez, vous, spécialiste dans un autre domaine et chercheur, rejeter? Il suffit de se référer aux paroles de certains prosélytes du gender en France, comme Guillaume Leblanc qui déclare cela : «Pour défendre le genre, on peut être enclin à le présenter comme une pratique, au sens où des mouvements et des militants s’en servent dans leurs actions. Mais c’est d’abord un champ théorique et il est absurde de le nier» ou bien Didier Eribon qui dit encore ceci : "Au lieu de répéter sur un ton raisonnable, pour contrer les criailleries réactionnaires et hystériques qui dénoncent la ‘‘Théorie du Gender’’ comme une invention diabolique, que la ‘‘théorie du genre’’ n'existe pas, et que seules existent les ‘‘Etudes de genre’’, je me demande s'il ne vaudrait pas mieux nous donner pour projet et pour tâche d'élaborer cette ‘‘théorie’’, à partir de nombreuses approches déjà existantes. Ce serait une théorie ouverte, et toujours à construire, de manière dynamique et constante... mais une entreprise théorique malgré tout". Pourquoi voir un glissement sémantique là ou il n'y en a pas?

    Enfin, et pour terminer, je dirais que oui, l'école a pour but de stimuler et réveiller l'esprit critique chez nos jeunes, en particulier chez les ados, les lycéens, mais introduire ce type de théorie chez des enfants en élémentaire, je trouve cela purement indigne; les enfants, à cet âge, sont en pleine construction, ils ont besoin de fixer leurs connaissances, de concrétiser leurs apprentissages, ils ont besoin que l'adulte leur donne les bases afin de mieux comprendre le monde dans lequel il vit et évolue. Ils ne sont pas encore en mesure de discuter sur des sujets de société éminemment complexes, qui, mêmes nous adultes, n'arrivons pas à cerner; laissons les faire seuls ce cheminement mais avant tout, aidons les à se construire.

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    1. "les différences entre les hommes et les femmes elles ne sont pas seulement innées, elles sont construites" = "il y a, en plus de certaines différences innées (qu'on ne nie pas), des différences construites entre les hommes et les femmes (et cela ne peut être non plus nié)". Si tous les négationnistes du concept du genre sont aussi mauvais que vous pour comprendre des locutions adverbiales aussi simples, je comprends mieux le bas niveau intellectuel qui semble caractériser votre mouvement.

      "les spécialistes pro-gender eux-mêmes assument totalement et avec fierté le terme "théorie": C'est drôle, vous ne devez pas avoir lu beaucoup d'articles "pro-gender" alors, parce qu'on se casse le cul depuis des mois à dire que parler de "théorie" (au sens où vous l'entendez: "croyance") est une aberration au vu de la réalité du concept. Le genre est un outil intellectuel et intersectionnel, on l'utilise tant dans les études sociologiques qu'anthropologiques, éthnologiques, littéraires... Sans doute y a-t-il des études qui, s'interrogeant sur des enjeux particuliers du genre, peuvent être considérées comme théoriques, mais il s'agit d'études parmi d'autres, et de mises en perspective précises du concept. Le genre, lui, reste bien établi. Et les paroles de Guillaume Leblanc et Didier Eribon sont à prendre dans ce contexte. Leur posture est de dire "oui, nous revendiquons le terme de théorie, car de la pratique naît la théorie, de la théorie naît la pratique, une théorie ne repose pas sur du rien, nous faisons du concret, nos études ont du sens et nous disons zut à ceux qui confondent la définition de 'théorie scientifique' avec celle de 'croyance' " (ils le disent plus poliment, mais l'idée y est).

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  3. Bonjour,
    Votre comparaison avec l'islamophobie ne tient pas debout.
    Là où un LGBT assumé peu finir journaliste autoproclamé qui s'invite partout dans les médias, être maire de Paris... les discriminations subies par les musulmans sont d'ordre politiques, sociales, à tous les niveaux.

    Vous vous rendez compte qu'en France on vient de légaliser le mariage homosexuel tandis qu'on pond tous les 3 ans une loi islamophobe ?
    Il n'y a donc pas en france une homophobie qu'il faille combattre aussi farouchement par l'éducation scolaire.

    L'argument du plus fort taux de suicide chez les homosexuels joue contre vous, car si malgré le charactère pionnier de la France en matière de tolérance à l'homosexualité, on continue de constater de tels problèmes, c'est alors l'homosexualité qu'il faut accuser d'influer négativement sur la santé mentale. Mais vous accusez au contraire la famille et voulez donc prendre son rôle éducatif afin de faire de nos bambins des homos suicidaires en puissance.

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    1. "si malgré le charactère pionnier de la France en matière de tolérance à l'homosexualité, on continue de constater de tels problèmes, c'est alors l'homosexualité qu'il faut accuser d'influer négativement sur la santé mentale.": la France n'est pas vraiment pionnière en matière de tolérance à l'homosexualité, la preuve en est de la mentalité d'une bonne partie des politiques et de gens du type civitas, printemps français, manif pour tous... (et petit rappel: jusqu'en 81 la majorité sexuelle légale des homosexuels était fixée à 18 ans, tandis que c'était 15 ans pour les hétérosexuels; la loi sur l'ouverture du mariage aux couples homosexuels a été promulguée des années après les Pays-Bas, la Belgique... on repassera pour l'esprit pionnier)

      L'homosexualité n'a pas à être accusée, surtout par des gens comme vous qui visiblement n'y connaissez rien. Pour ma part, je ne suis pas homosexuelle, mais mon père l'est. Quand je suis née, il était encore considéré comme un malade mental par l'OMS. Et pourtant c'est un homme épanoui, bien dans sa peau, qui a mené la vie qu'il voulait et qui est heureux de qui il est, car il a appris à ignorer les jugements des autres (jeune, il en a bavé, mais il y a survécu). Ceux qui parmi mes ami(e)s sont homosexuel(les) ou bi vont aussi très bien, car ils sont entourés de gens qui les acceptent. Les seules nuages dans leur vie, ce sont les gens comme vous, qui estiment que c'est leur orientation sexuelle qui les condamne. Non, ce qui les condamne, c'est votre jugement et votre jugement seul, ainsi que les discours du type "c'est de ta faute si tu n'arrives pas à changer ton orientation sexuelle", ou "oh je n'ai rien contre le fait que tu existes, seulement ce serait bien que tu ne me rappelles pas que tu existes, parce que cela m'offense".

      Être homo ne vous pousse pas au suicide. Être empoisonné par des propos homophobes, oui.

      (et au sujet de votre délire de "perversion" des bambins: si on connaissait un moyen de faire changer l'orientation sexuelle des gens, je pense que les témoignages sur les camps de "thérapie" pour "convertir et sauver" les homosexuels seraient bieeeen plus positifs que ceux qui nous parviennent.)

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  4. Je fais suite à vos remarques concernant Nabil Ennasri.
    En effet, elles sont pertinentes car elles supposent que la théorie du genre telle que vous la comprenez nécessitent une réponse en terme de pédagogie notamment et qu'on ne peut dissocier la lutte contre les discriminations dont sont victimes les musulmans de celles des homosexuels. Elles procèdent des mêmes mécanismes de rejet et elles doivent être combattues de la même manière.
    Mes remarques quoique fort nombreuses et je ne veux pas m'étaler, sont celles celles-ci :
    - Les musulmans en France sont en marche d'acceptation de leur identité et ne sont plus ces éternels personnes qui retourneront un jour au pays. Ils vivent dans leur pays eu égard au droit du sang (guerre "mondiales", basse besognes dans les colonies...), au droit du sol, au droit de la souffrance et de la sueur et sont à ce titre plus qu'aucune autre communauté inscrit dans l'ADN français.
    Certes, la marche est difficile et elle est un combat tous les jours. En un mot, les musulmans dans leur majorité sont français et entendent le rester. Reste aux différentes composantes de la société française de l'admettre.
    - Ensuite et à la différence des autres minorités, les musulmans connaissent un regain de religiosité, religiosité qui constitue un marqueur de leur identité propre et c'est en ce sens que les chemins se séparent. Effectivement, nous respectons la loi de la république et nous nous y soumettons de la même manière que le autres composantes la société française. Les divergences que nous rencontrons sont celles qui sont contenues dans livres saints des croyants et elles nécessitent de la part des musulmans un rejet conformément aux prescriptions religieuses. Ne soyez pas effrayé, mais ces dernières sont pour nous autres croyants source de vie. Et il y a des accointances avec des groupes "dits" conservateurs" car nous nous rejoignons sur des points qui nous, nous séparent. Ce n'est pas en les diabolisant que nous "aurions peur" car nous savons où nous mettons les pieds et qui sont réellement ceux dont nous devons prendre garde.
    - Certes la société change et nous en sommes la preuve et certes il y a des individus issus de la mouvance LGBT et qui revendiquent leur appartenance et leur fierté d'être ce qu'ils sont. Mais de notre point de vue, cela est mauvais pour l'individu et la société et c'est un mal que nous rejetons. Non pas les personnes pour ce qu'elles sont mais pour ce qu'elles font. la société comporte des individus de toutes sorte et il ne peut y avoir de liberté absolue. Faire ce que l'on veut peut permettre aux zoophiles de revendiquer le droit de se marier avec des animaux,aux polygames de faire de même ou même de se marier avec soi. La liberté n'est pas le curseur de de la discrimination et comme le rappelez, vous soutenez les palestiniens et cela vous honore. La Palestine est occupée et il est du devoir de tout amoureux du droit et de la liberté de soutenir les Palestiniens.
    - Comprenez que les musulmans ne sont pas dans un deux poids deux mesures mais seulement fidèles à leurs valeurs.
    En espérant avoir apporter des lumières sue ce que sont les musulmans français....
    Si Nordine ou belqacem

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    1. Bine sur que vous êtes dans le deux poids deux mesures. Vous criez à la stigmatisation tout en stigmatisant d'autres personnes parce qu'ils ont une sexualité différente de la votre. A ce niveau là les homosexuels ont tout à fait le droit d’être islamophobes si des musulmans ont comme projet de le mettre en taule ou les tuer.

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  5. Merci pour cet article, qui répond de manière calme et juste à une vidéo comme on en voit trop souvent ces temps-ci, pleine de manipulation et surtout d'angoisses face à des "menaces" qui n'existent pas. Je crois que c'est cela le plus triste: tous ces discours virulents qui nous inquiètent et nous font écarquiller les yeux d'incompréhension sont en fin de compte émis par des gens bien plus terrifiés que nous, terrifiés par des ombres qu'ils n'essayent même pas d'analyser...!

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    1. La menace existe :

      http://www.snuipp.fr/Parler-d-homoparentalite-et

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  6. @ Julien Salingue
    Mais vous ne vous rendez compte que maintenant ?
    Déjà en 2011
    " La façon dont certaines associations et commentateurs ont posé les termes du débat en dit long sur l’attitude quelque peu arrogante dans laquelle ils se sont drapés. Illustration de cette démarche provocatrice, le Paris Foot Gay vient de demander à la FIFA d’organiser d’ici 2022 un match de foot de leur équipe sur le sol qatarien dans le but de faire évoluer les mœurs de la société.
    La modernité semble pour certains à sens unique. Prendre le football en otage pour bousculer la cohésion de sociétés traditionnelles a quelque chose de malsain. L’inquiétant est que ces jugements à l’emporte-pièce risquent de prendre de plus en plus d’ampleur à mesure que le Mondial 2022 se rapprochera. Ce chantage ne marchera ni au Qatar ni ailleurs dans le monde musulman car il en va de leur stabilité sociétale. »"

    Et vous avez menez des combats commun avec ce personnage ? Vous croyez que les gens du CCIF devant lequel vous avez fait votre show ne pensent pas pareil ?

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